Les risques de la PMA et de la GPA pour la santé de la femme

La PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (« gestation pour autrui », expression employée pour désigner l’appel à une mère porteuse) sont les solutions les plus couramment proposées aux couples infertiles, ainsi qu’aux couples de femmes et aux couples d’hommes qui ne peuvent pas concevoir naturellement. La GPA est actuellement interdite en France, mais les couples intéressés peuvent faire faire un enfant à l’étranger, et le faire reconnaître à l’état civil en France.
Ces pratiques comportent des risques pour la santé des femmes qui donnent un ovocyte, que ce soit pour concevoir par FIV (fécondation in vitro) un enfant qu’elles vont porter elle-même, pour concevoir un enfant qu’elles feront porter par une mère porteuse, pour faire porter leur enfant par leur compagne dans le cas de couples de lesbiennes, pour congeler et conserver leurs propres ovocytes ou pour faire un don en faveur d’un couple stérile.
Ces pratiques comportent aussi des risques pour la femme qui porte un enfant conçu in vitro, dans le cadre de la FIV ou de la GPA.
Il n’est pas encore toujours possible d’expliquer scientifiquement la cause de ce risque majoré de problèmes de santé graves dans les grossesses par FIV ou GPA, mais les statistiques sont incontestables.
Il est dommage que dans les cas d’infertilité, seules la PMA et la GPA soient généralement proposées aux couples. En dehors du danger pour la santé de la femme, il y a aussi de nombreuses questions éthiques qui se posent en rapport avec ces pratiques, mais ce n’est pas l’objet de cet article. Cependant, il existe des alternatives à la PMA permettant une conception naturelle chez beaucoup de couples ayant souffert de problèmes d’infertilité. La naprotechnologie est l’une de ces alternatives.
Risques pour la femme qui donne un ovocyte
La stimulation ovarienne et la ponction d’ovocytes sont nécessaires pour les femmes effectuant une PMA pour elles-mêmes, pour les femmes voulant faire appel à une mère porteuse et pour les femmes ayant choisi de faire un don d’ovocyte. En France ces dons d’ovocytes sont effectués par pure générosité envers les couples infertiles, étant donné que le don de gamètes n’est pas rémunéré.
Les risques de la stimulation ovarienne
La stimulation ovarienne n’est pas utilisée uniquement dans le cadre de la PMA, elle peut être utilisée aussi pour faciliter une conception naturelle. Dans le cadre de l’aide médicale à la procréation, elle est utilisée pour les inséminations artificielles, et en vue du prélèvement d’ovocytes pour une FIV ou pour une GPA.
La stimulation ovarienne n’est pas très risquée1. Les complications graves sont vraiment très rares. Il arrive fréquemment que la prise d’hormone provoque des maux de ventre, des nausées, des migraines, des bouffées de chaleur, de légers saignements ou de l’irritabilité, mais il n’y a pas de danger sérieux.
Les complications thrombo-embolique (phlébite, embolie pulmonaire voire accident vasculaire cérébral) sont exceptionnelles.
Le syndrome d’hyperstimulation ovarienne est plus fréquent, mais les formes graves sont très rares. Ce syndrome peut provoquer des douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhées, prise de poids brutale, gène respiratoire, et il est déconseillé de mettre en route une grossesse à ce moment.
Les risques du prélèvement des ovocytes
La ponction ovocytaire, ponction ovarienne ou ponction folliculaire, est un acte chirurgical dont les conséquences sont beaucoup plus lourdes que celles de la stimulation ovarienne.
Aude Mirkovic, fondatrice de l’association Juristes pour l’enfance, explique que les conséquences à long terme sur la fertilité, le développement de cancers, les conséquences psychologique à long terme, ont été très peu étudiées, alors qu’il existe de nombreux témoignages dans ce sens, mais qui n’ont pas été répertoriés dans le cadre de recherches scientifiques2.
Les risques immédiats pour la femme sont par contre bien connus3 :
– syndrome d’hyperstimulation ovarienne, qui est souvent plus grave lorsqu’il se déclenche après la ponction ovocytaire qu’après la stimulation ovarienne ;
– kystes ovariens ;
– saignement vaginal (sans gravité) ;
– saignements ovariens persistants, très douloureux, nécessitant souvent une intervention chirurgicale ;
– plaies dans les organes voisins (vessie, intestin, gros vaisseaux sanguins : risque d’hémorragie) ;
– infection de l’ovaire ou du pelvis ;
– torsion d’ovaire, caractérisée par une douleur violente et continue. Fréquemment, il se détord tout seul, sinon il faut une intervention chirurgicale en urgence ;
– thrombose : phlébite, embolie pulmonaire, voire accident vasculaire cérébral ;
– maladie rénale ;
– décès : des cas très rares4.
Aude Mirkovic mentionne aussi les risques de perte de fertilité et de ménopause prématurée5.

Risques pour la femme qui porte l’enfant
Toute grossesse et tout accouchement comporte des risques : infections, hémorragies, pré-éclampsie et éclampsie…
Cependant, la prévalence de ces risques n’est pas du tout la même selon qu’il s’agit de grossesses avec conception naturelle, de FIV avec ou sans don d’ovocyte, ou de GPA.
Le taux de morbidité maternelle sévère
La définition de l’OMS pour la morbidité maternelle sévère est la suivante : « la morbidité maternelle sévère est définie comme la survenue, pendant la grossesse, l’accouchement ou dans les 42 jours suivant la délivrance, d’un état pathologique mettant en jeu le pronostic vital maternel mais avec survie de la patiente6. »
Deux études présentées en 2024 montrent une morbidité maternelle grave nettement supérieure des femmes ayant effectué une « gestation pour autrui » par rapport aux femmes ayant effectué une fécondation in vitro, et de celles-ci par rapport à celles ayant eu une grossesse naturelle.
La première7 a été présentée lors de la 40e réunion annuelle de l’ESHRE (European Society of Human Reproduction and Embryology) à Amsterdam et publiée dans la revue Human Reproduction. L’étude a porté sur 937 938 naissances uniques dans l’Ontario et au Canada, entre 2012 et 2021. Parmi ces naissances, 97,7 % étaient issues de conceptions naturelles, 2,2 % (20 958) étaient issues de FIV et 0,1 % (956) étaient issues de mères porteuses. Seules les naissances uniques ont été analysées, le taux de complications plus élevé pour les FIV n’est donc par dû au taux de grossesses multiples plus élevé.
Le résultat de cette recherche est que le taux de morbidité maternelle sévère est de 7,1 % pour les mères porteuses, de 4,6 % pour les femmes ayant porté un bébé issu de fécondation in vitro, et de 2,4 % pour les femmes ayant conçu naturellement.
Par ailleurs, on observe un taux d’hémorragies post-partum de 13,9 % pour les mères porteuses, de 10,5 % pour les conceptions par FIV et de 5,7 % pour les conceptions non assistées, et des troubles hypertensifs pour 13,9 % des femmes ayant fait une GPA, 11,6 % des femmes ayant fait une FIV et 6,6 % des femmes ayant conçu naturellement.
D’après l’auteur principal des recherches, Marina Ivanova, il y a sans doute plusieurs causes à ces différences de risques selon le type de conception : « Il s’agit notamment des différences de santé de base ou des caractéristiques socio-démographiques de celles qui choisissent de devenir mères porteuses, des différences potentielles dans les soins et le suivi prénatals, de l’impact physiologique et psychologique associé au fait de porter la vie pour une autre personne, ainsi que des effets des traitements utilisés au cours du processus de FIV.8 »
L’autre recherche, à laquelle a participé aussi Marina Ivanova9, présente des chiffres encore plus défavorables aux GPA et aux FIV. Elle a été publiée dans publiée dans les Annals of Internal Medicine. Elle porte sur des naissances uniques à plus de 20 semaines de gestation, entre 2012 et 2021. 846 124 (97.6%) des naissances étudiées étaient issues de conception non assistée, 16 087 (1.8%) étaient issues de FIV et 806 (0.1%) étaient issues de GPA.
Le résultat est un taux de morbidité maternelle sévère de 8 % pour les naissances issues de GPA, de 4 % pour les naissances issues de FIV et de 2 % pour les naissances issues de conception naturelle.
Des risques plus élevés pour les grossesses par FIV avec don d’ovocyte
Lors d’une grossesse naturelle, la mère porte un embryon composé à 50 % de matériel génétique étranger, celui issu du père. Le corps de la mère développe une tolérance immunitaire pendant la grossesse, afin de ne pas rejeter le bébé10. Même en cas de grossesse naturelle, certaines fausses couches sont dues à une mauvaise régulation de l’immunité maternelle : le corps attaque l’embryon comme un ennemi étranger.
En cas de FIV, même avec le propre ovocyte de la mère qui porte le bébé, l’embryon est davantage perçu comme un corps étranger à la mère que lorsqu’il s’implante naturellement. Quand il s’agit d’une grossesse avec don d’ovocyte, l’embryon est alors totalement étranger au corps de la mère. L’implantation du bébé est alors comme une greffe d’un organe issu d’un autre corps, avec risque de rejet plus grand que pour un bébé portant pour moitié les gènes de la mère.
On ne sait pas très bien comment ces mécanismes fonctionnent, mais le résultat est que les grossesses avec don d’ovocytes sont plus à risques pour certaines pathologies que les grossesses avec FIV sans don d’ovocyte, et bien sûr que les grossesses naturelles.
Une recherche publiée dans la revue Human Reproduction, de l’Oxford University Press’s academic research platform, montre que le risque de pré-éclampsie est plus élevé dans les grossesses où l’embryon est totalement étranger à la mère11.
La pré-éclampsie est une pathologie de la grossesse. Elle peut mettre en danger la vie de la mère et la vie du fœtus. Elle survient pendant la seconde moitié de la grossesse. Elle est causée par un dysfonctionnement du placenta et provoque une hypertension artérielle chez la mère et une souffrance du fœtus. Elle doit impérativement être traitée en urgence, et si elle est bien prise en charge, dans la plupart des cas il n’y a pas de conséquences graves pour le fœtus ni pour la mère. Elle peut cependant provoquer une crise d’éclampsie (crise de convulsions chez la mère présentant une pré-éclampsie) et nécessiter une hospitalisation. Il est parfois nécessaire de provoquer l’accouchement en urgence12.
Cette étude reprend les données de 27 études portant sur 7089 dons d’ovocytes, 1 139 540 grossesses conçues naturellement et 72 742 grossesses par FIV sans don d’ovocyte. Il y a un risque de pré-éclampsie dans près d’une grossesse avec don d’ovocytes sur six. Soit 4 à 5 fois plus que dans une grossesse avec conception naturelle, et 2 à 3 fois plus qu’avec une FIV sans don d’ovocyte. Dans le cas des grossesses multiples, on rencontre une pré-éclampsie dans 28 % des grossesses avec don d’ovocyte, contre 9,7 % des grossesses issue d’une FIV sans don d’ovocyte. Les chercheurs recommandent donc d’éviter absolument les grossesses multiples en cas de FIV avec don d’ovocyte.
Les chercheurs conseillent aussi aux couples de lesbiennes d’éviter la technique de la ROPA (réception des ovocytes de la partenaire). En effet, les couples de lesbiennes qui font une PMA choisissent souvent de faire porter l’embryon, conçu in vitro avec don de sperme, par celle des deux femmes qui n’a pas donné l’embryon. Les risques pour la santé de cette femme et du bébé seront donc plus grand que si c’est la femme qui a donné son ovocyte qui porte aussi le bébé.

Conclusion
Les technologies reproductives ne sont donc pas sans danger pour la santé des femmes qui y font appel, ou qui y participent.
Ces technologies posent aussi de sérieuses questions éthiques, que ce soit pour la condition des femmes qui louent leur corps dans le cadre d’une « gestation pour autrui », pour les enfants nés par ces pratiques ou pour les embryons non utilisés et congelés ou détruits (dans le cadre de la recherche ou non). Voir Procréation médicalement assistée (PMA) pour les femmes : quelques éléments de discernement sur le point spécifique de la FIV chez les couples de femmes.
La naprotechnologie pour les couples infertiles est une alternative possible pour permettre une conception naturelle pour les couples qui n’arrivent pas à concevoir. On ne peut que souhaiter le développement de la recherche pour permettre la guérison de l’infertilité, plutôt que pour son contournement par des technologies dont le taux de réussite n’est pas très élevé, qui sont dangereuses pour la santé et éthiquement contestables.
Notes
1 Sources : Aude Mirkovic, Corps de la femme et technologies reproductives, webinaire Bioéthique et droit fondamentaux, perspective féminine, organisé par l’UNESCO le 8 mars 2025 ; Agence de la biomédecine, Hôpitaux Universitaires de Genève, Centre hospitalier de Luxembourg.
2 Aude Mirkovic, Corps de la femme et technologies reproductives, webinaire Bioéthique et droit fondamentaux, perspective féminine, organisé par l’UNESCO le 8 mars 2025.
3 Sources : Agence de la biomédecine ; Agence de la biomédecine (autre document) ; Centre hospitalier de Luxembourg ; CHU de Caen ; CHU de Clermont-Ferrand ; laboratoires Cerballiance ; Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation ; Groupe santé CHC ; APM international.
4 Sources : APM International, ScienceDirect, genethique.org.
5 Aude Mirkovic, op. cit.
6 Cité sur le site du Département d’Anesthésie-Réanimation de l’hôpital de Bicêtre.
7 Auteurs de la recherche : M. Ivanova, Queen’s University, Department of Obstetrics and Gynaecology, Kingston, Canada ; J. Ray, University of Toronto- St. Michael’s Hospital, Departments of Medicine and Obstetrics and Gynaecology, Toronto, Canada ; J. Shellenberger, Queen’s University, Institute for Clinical Evaluative Sciences, Kingston, Canada ; J. Pudwell et M. P. Velez, Queen’s University, Department of Obstetrics and Gynaecology, Kingston, Canada.
8 Source : Fréquence médicale.
9 Auteurs de la recherche : Maria P. Velez, Marina Ivanova, Jonas Shellenberger, Jessica Pudwell et Joel G. Ray.
10 Voir Bibliothèque Nationale de Médecine des États-Unis.
11 Voir aussi le site de la sécurité sociale française, ameli.fr et genethique.org.