Une ligne d’écoute pour les professionnels de santé confrontés à des questions éthiques

Une ligne d'écoute pour les professionnels de santé et étudiants confrontés à l'euthanasie

Nos mains ne tueront pas est l’une des trois antennes d’écoute de l’association Choisir la vie : il y a aussi une ligne d’écoute pour les femmes enceintes en difficulté, et une pour les parents de filles enceintes mineures. Nos mains ne tueront pas propose un soutien aux professionnels et étudiants en santé confrontés à des questions éthiques en lien avec la fin de vie, dans le cadre de leur travail, d’un stage ou des enseignements reçus dans leurs études.

La ligne d’écoute

Ce soutien prend la forme d’une ligne d’écoute et d’accompagnement : +336 13 77 52 80

Cette ligne peut être appelée à n’importe quelle heure, mais il y a un répondeur quand l’écoutante n’est pas disponible. Mieux vaut ne pas laisser un message sur le répondeur mais envoyer un SMS : l’écoutante vous rappellera. Pas besoin de donner son nom dans le SMS, juste sa situation en quelques mots.

Pour qui ?

Cette ligne d’écoute est proposée en particulier aux professionnels confrontés à des questions en lien avec l’euthanasie.

Les soignants qui appellent peuvent se trouver dans des situations où ils ont l’impression qu’on voudrait leur faire faire une euthanasie, ou travailler dans un service où des décisions d’euthanasie sont prises. Des soignants peuvent aussi appeler la ligne dans le cas où ils réalisent qu’ils ont fait un geste qui était de l’euthanasie ou qu’ils ont un doute sur l’intention des prescriptions.

Médecin préoccupé par des questions éthiques en lien avec l'euthanasie

Formation

L’antenne a aussi un rôle de formation, elle propose régulièrement des journées de formation avec plusieurs intervenants, sur différentes déclinaisons de la lutte contre la dérive euthanasique. La dernière formation était sur le thème de l’influence du vécu de la souffrance par les soignants dans leur prise en charge : comment notre vécu influence nos gestes.

Quand le droit à l’objection de conscience ne suffit pas

Certaines pratiques peuvent être objectivement euthanasiques et ne pas être déclarées comme telles, et donc ne pas permettre l’usage de l’objection de conscience. Par exemple, le fait d’administrer la « sédation profonde et continue jusqu’au décès » à une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, mais n’ayant pas d’autre problème de santé physique1, ce qui est parfois demandé par les proches. Le conseil d’éthique de France Alzheimer a publié le 24 mars 2025 un avis expliquant que la loi ne permet pas d’administrer la sédation profonde aux personnes ayant la maladie d’Alzheimer, en l’absence de symptômes manifestes de douleur physique. De même, la loi Claeys-Léonetti est très claire sur le fait que l’on ne fait pas de sédation profonde et continue à la demande de la famille. Dr Geneviève Bourgeois, médecin gériatre et responsable de l’antenne Nos mains ne tueront pas témoigne qu’on lui a déjà donné des directives anticipées écrites par la famille, ce qui n’est pas légal.

Autre exemple : le fait que l’alimentation et l’hydratation artificielles soient considérés légalement comme des traitements et non comme des soins fondamentaux permet de les interrompre sans que ce soit légalement considéré comme une euthanasie. Cette question n’est pas si simple qu’il n’y paraît. En cas de directive anticipée de la personne demandant la sédation profonde et continue jusqu’au décès, la loi demande d’arrêter l’alimentation et l’hydratation artificielle : on prive la personne d’un soin essentiel, et on peut provoquer des douleurs importantes, voire des convulsions. Par contre, quand la personne est en phase agonique, il peut être justifié d’arrêter l’alimentation et l’hydratation artificielles, car le corps de la personne ne pourra pas les prendre en charge, il se concentre sur sa survie : l’alimentation et l’hydratation artificielles pourraient provoquer des souffrances supplémentaires par inondation des poumons.

Les personnels de santé peuvent être confrontés à des pressions morales, des moqueries, quand ils souhaitent exercer leur droit à l’objection de conscience. Cela reste un droit opposable, qui est en général bien accepté dans les services de maternité pour ce qui est de l’IVG. Il ne faut donc pas avoir peur de l’exprimer très clairement au moment de l’embauche ou du début de stage.

Face aux questions sur la fin de vie, l’euthanasie, les soins palliatifs, Nos mains ne tueront pas est là pour écouter les professionnels de santé et étudiants, les aider à faire le point et à se former.

1 Voir l’interview d’Odile Guinnepin, fondatrice de l’antenne Nos mains ne tueront pas.

Laissez un commentaire