Nouveau succès pour la Marche pour la vie à Paris
Publié sur le site de Famille chrétienne le 23/1/2023, par Jean-Marie Dumont :
Pour sa 17e édition, la Marche pour la vie a réuni le 22 janvier des milliers de personnes dans Paris, appelant au respect de la vie humaine face à l’avortement et à l’euthanasie.
Comment ne pas être frappé par l’enthousiasme et la joie des milliers de personnes réunies à Paris ce 22 janvier pour la Marche pour la vie ? Une impression d’autant plus marquante qu’elle tranchait singulièrement avec la gravité des deux projets sur lesquels cet événement entendait alerter les consciences : l’inscription de l’avortement dans la Constitution et la légalisation de l’euthanasie. Portée par la jeunesse des participants et la dimension très familiale de cet événement, la Marche pour la vie, qui célébrait sa dix-septième édition, continue ainsi d’attirer chaque année un dimanche de janvier souvent très froid des foules joyeuses – 20.000 participants cette année selon les organisateurs, 6300 selon la préfecture de police – pour appeler au respect de la vie humaine de sa conception à sa mort naturelle.
« Le mensonge de l’euthanasie »
Particulièrement présent cette année sur les pancartes et lors des discours sur la place Vauban : l’euthanasie, alors que la Convention citoyenne sur la fin de vie qui vient de terminer sa quatrième session devrait proposer sa légalisation. « Nous ne sommes pas dupes de ce simulacre de démocratie, a dénoncé sur la scène surmontée des mots « Vivre dans la dignité » Lucie Pacherie, porte-parole de la Marche pour la vie. Avis du comité consultatif national d’éthique, convention citoyenne, mission parlementaire, groupe d’experts pour lisser le sens des mots, tout est bordé pour aboutir à un projet. Nous sommes ici cent fois plus que les membres de la Convention citoyenne et nous exprimons notre refus catégorique de la légalisation de l’euthanasie ! » Parmi les témoins qui ont défilé sur scène, Marie-Caroline Schürr, jeune femme atteinte d’une maladie génétique rare, a dénoncé avec force le « mensonge de l’euthanasie ». « C’est un mensonge de faire croire que c’est un soulagement. Cette injonction crée une culpabilisation chez les malades, avec l’idée qu’ils sont de trop. Avec l’euthanasie la mort ne vient pas supprimer ma souffrance, elle vient supprimer ma vie. La mort n’est jamais une solution. »
Le témoignage de médecins
Parmi les intervenants figuraient également cette année deux médecins. Venu de Belgique, le Dr Timothy Devos a notamment pointé les prétextes mensongers invoqués, il y a vingt ans, lors de la mise en place d’une loi autorisant l’euthanasie dans ce pays. « On nous disait que cette loi résoudrait le problème des euthanasies illégales, que les soins palliatifs ne devaient pas s’inquiéter… » Toutes ces promesses sont avérées fausses, a-t-il affirmé. « Ceux qui disent que la loi belge est un modèle se trompent », a-t-il aussi martelé, faisant allusion aux propos d’Emmanuel Macron qui s’était dit favorable au « modèle belge ». « L’euthanasie est de plus en plus considéré par le grand public comme la norme de la bonne mort », a-t-il ajouté, citant les chiffres alarmants de ce pays. « Aux demandes des personnes demandant au médecin de terminer leur vie à cause de leur dépendance, de leur isolement social, ou à cause du sentiment d’être un poids pour les autres, je dis non ! Comme médecin, je ne me sens pas appelé à leur offrir la mort comme solution. Pour moi, leur demande est plutôt un appel à les entourer de plus d’attention et d’amour et de soulager leur souffrance. C’est exactement pour ceci que je suis devenu médecin : raviver la flamme de l’espoir plutôt que de l’éteindre. »
« Entendre le désir de vivre »
Autre témoignage de médecin, celui du Dr Hubert Tesson, médecin coordonnateur de l’unité de soins palliatifs de la clinique Sainte Elisabeth de Marseille. « L’euthanasie pour des motifs de souffrance physique, en 30 ans, je n’en ai jamais eu, a-t-il témoigné. Des demandes d’euthanasies pour des motifs de souffrance psychologique, j’en entends de temps en temps. Mais, à chaque fois, cette demande est toujours mêlée, en même temps, à un désir de vivre. La difficulté est d’entendre ce désir de vivre. Cela requiert de prendre du temps, de l’écoute, un regard bienveillant ». Dans son intervention, il a aussi souligné le fait que les demandes d’euthanasies les plus fréquentes étaient celles qui émanaient de l’encourage du malade. Compréhensibles selon lui dans une certaine mesure car la souffrance d’un proche peut causer une grande souffrance à son entourage, « cette pulsion de mort n’est pas dangereuse car l’interdit de tuer vient la contenir et je peux prendre du temps avec les familles pour aller explorer ce qui les habite. » Il en irait totalement différemment si l’interdit de tuer disparaissait. « Je suis très inquiet de voir se profiler la légalisation de l’euthanasie », a-t-il confié. « Celle-ci mettra en danger d’abord la vie des personnes vulnérables. Or tous les malades sont des personnes vulnérables », a-t-il affirmé, pointant également le fait que la légalisation de l’euthanasie est avant tout une requête de personnes bien portantes, animées selon lui bien plus par un « désir d’autonomie », relevant d’une option philosophique, que par une réelle préoccupation pour la souffrance.
Un appel à l’engagement aux côtés des plus vulnérables
Au-delà du message politique – l’opposition à la légalisation de l’euthanasie et à la constitutionnalisation de l’avortement –, la Marche pour la vie a aussi lancé un appel à l’engagement auprès des personnes les plus vulnérables, âgées, malades. « Vous le savez, c’est la solitude, la souffrance, l’extrême fragilité et la grande dépendance qui sont les raisons pour certains de demander la mort pour en finir », a ainsi déclaré Lucie Pacherie, demandant à chacun de « prendre ses responsabilités » pour « encourager et accompagner » ces personnes. « Prenons l’engagement de restaurer la solidarité sur les personnes les plus diminuées pour qu’elles aient toujours un sentiment de dignité et d’utilité. Il y a tout à faire autour de nous pour soigner et accompagner mais pas euthanasier. » « Nous avons tous à être gardiens de nos frères, a confié pour sa part Pascale Morinière. C’est le sens de la fraternité à la française. C’est l’inverse du tout autonomie, qui fait toujours plus de solitude ». Des propos auxquels a aussi fait écho l’invitation de Marie-Caroline Schürr : « La solution, c’est la relation. Soyons puissance de vie, soyons cette force de relation. Lâchons note confort, lâchons notre colère et courrons au chevet de ceux dont personne ne veut. »