Avec la Lejeune Académie, le mouvement pro-vie forme ses futurs leaders

Session Lejeune Académie

Une cinquantaine de jeunes étaient réunis du 22 au 26 août en Touraine dans le cadre de la Lejeune Académie, une nouvelle université d’été portée par la Marche pour la Vie, pour se former aux combats à venir.

La Lejeune Academie a été entièrement organisée par des jeunes engagés dans le mouvement pro-vie.

« Je l’ai prénommé Elie, c’est mon petit prophète ». Face à la salle silencieuse, Madeleine affiche sur l’écran au mur le dessin griffonné de ce petit bébé de sept mois, sans vie, au fond de son seau de laboratoire en plastique. Stupeur sur les visages.

Ce bébé, Madeleine l’a vu de ses propres yeux dans un service de gynécologie où elle vivait l’un de ses premiers stages d’infirmière. C’était il y a vingt ans. Elle n’a pas assisté à l’interruption médicale de grossesse (IMG), mais l’image de ce petit garçon l’a marquée à vie. Et il aura fallu des années à cette infirmière aguerrie pour oser témoigner des drames qui se jouent dans ces services d’avortements, où les soignants sont pris en étau et où elle a dû se battre pour ne pas coopérer.

« Qui parmi vous est en études dans le domaine médical ? », demande-t-elle aux cinquante jeunes qui l’écoutent d’une oreille particulièrement attentive. Quelques mains se lèvent. « Ne restez jamais seuls face à ces situations. Entourez-vous, parlez. Et surtout, formez-vous ! » Plusieurs hochements de tête manifestent que l’injonction est bien reçue.

Et pour cause : c’est justement dans le but de se former sur les questions bioéthiques que ces cinquante jeunes entre 18 et 25 ans sont venus participer à cette nouvelle session d’été baptisée la Lejeune Académie, du 23 au 27 août en Touraine. Portée par la Marche pour la Vie, elle a été entièrement mise sur pied par des jeunes volontaires du mouvement pro-vie et parrainée par la Fondation Jérôme Lejeune.

« Ces jeunes sont pleins d’audace et ils font preuve d’une exigence impressionnante dans leur vie et dans leurs idéaux, glisse Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme Lejeune. Ils apportent un nouveau souffle dans le combat pour la vie, avec des idées et des procédés auxquels nous n’aurions pas pensé ».

11 heures 30, c’est le temps de la pause. Tous les participants quittent la salle en préfabriqué où la température dépasse les trente degrés pour prendre un peu l’air – à peine plus respirable dehors. Les polos et chaussures bateau se mêlent aux robes colorées des filles, dont certaines arborent sans tabou une médaille autour du cou.

Mais derrière leurs codes sociologiques assumés et plutôt uniformes se révèlent des profils universitaires très variés, et une volonté de s’engager dans toutes les sphères de la société. Camille, 20 ans, en école d’infirmière, sait qu’elle sera confrontée de près à la problématique de l’avortement. « Je côtoie déjà beaucoup de gens qui refusent de comprendre que l’embryon est une vie humaine, et je viens pour apprendre à leur répondre avec justesse et compassion », explique-t-elle.

Benoît, qui se prépare à devenir agriculteur, est décidé à se battre pour le respect de la Vie même si ce combat ne fera pas partie de son métier. Constance et Emeline, étudiantes en philosophie à l’IPC, considèrent qu’« il y a urgence à agir face au renversement de société qui se déroule sous nos yeux. Cela vaut largement la peine de prendre une semaine de vacances pour se former ! ».

Des ateliers pratiques pour se préparer au terrain

Intellos ou manuels, tous les jeunes ont de quoi trouver chaussure à leur pied pendant la session. « Tous les participants ont fait un test de personnalité le premier jour, et ils sont répartis en ateliers pratiques », explique Marie-Lys, étudiante responsable de la session, avant d’annoncer d’une voix forte les salles pour les groupes.

Les uns suivent Paul, expert dans l’événementiel militant et ancien du mouvement des Survivants, qui les forme à l’organisation logistique d’actions pour la Vie. Un autre groupe part avec Vivien, expert digital, qui les forme aux codes de communication numérique. D’autres encore suivent Emile Duport, rompu aux arcanes du monde médiatique, et la jeune porte-parole de la Marche pour la Vie Aliette Espieux, qui les entraîne au débat contradictoire.

« Que répondez-vous à quelqu’un qui défend que c’est à chaque femme de décider si elle avorte ? », lance Emile au groupe de jeunes réunis dans une salle mal aérée. « On peut dire que la femme n’a souvent pas vraiment le choix, car tout dans la société la pousse à avorter », tente Louis-Marie, 18 ans, étudiant en droit. « Ok, mais comment tu montres qu’il y a une injonction à avorter ? » Pendant que le débat se poursuit, dans une pièce fraîche au bout d’un couloir un autre groupe s’entraîne à créer des affiches militantes avec Ghislain, graphiste à l’origine de plusieurs grandes campagnes pro-vie.

Un engagement pro-vie pour l’année

Ce n’est pas seulement pour la semaine que chacun met la main à la pâte. Tous les participants s’engagent à prendre une responsabilité dans un mouvement pro-vie pour l’année. Et les projets ne manquent pas : création d’une boutique pro-vie en ligne, opérations tractage, logistique de la Marche pour la Vie, interventions dans les médias… Chaque soir, des petites équipes se constituent pour préparer ces missions.

« Ceux qui viennent à cette session préparent aussi leur employabilité en entreprise, souligne Vivien. La Lejeune Académie est un véritable incubateur ». Pour Emile Duport, l’objectif est aussi de professionnaliser le mouvement pro-vie en tant que tel. « Nous n’avons plus le choix aujourd’hui que d’être excellents pour toucher les esprits et inverser la tendance. Il faut que tous ces jeunes soient les meilleurs dans le domaine où ils s’engageront au sein de la société pour être crédibles et faire entendre leurs idées ».

Les jeunes participants le savent, leur combat nécessitera du courage, et beaucoup de persévérance. « Nous savons qu’il peut y avoir des échecs, mais nous sommes pleins d’espérance, confie Constance du haut de ses dix-neuf ans. Car nous voyons un véritable réveil dans notre génération ». Pour eux, rien n’est perdu, à condition de voir plus loin que les potentielles lois toxiques du quinquennat qui s’ouvre.

Camille Lecuit, publié le 26/08/2023 dans Famille chrétienne

1 commentaire

  1. Ocana Liliane le 25 octobre 2023 à 18 h 46 min

    Merci une lumière , ne jamais désespérer Dieu est grand
    Merci les jeunes, je suis de la génération (68) sur le constat de l’avortement
    je ne suis pas fière, aujourd’hui il est devenu un moyen de contraception, les lobis se sont sont emparés de la détresse. Pourquoi ne pas aidé ses futures mamans, à accueillir la vie. l’avortement à 24 semaines je souhaiterais qu’un médecin ai le courage de dire ce qui se passe en vérité pour ces embryons.