Avortement et christianisme

« Tu ne tueras pas » : tel est le cinquième commandement du décalogue, les dix commandements donnés par Dieu à son peuple. Obéissant à cette interdiction de tuer un être humain, la plupart des églises chrétiennes condamnent fermement et totalement l’avortement.

L’avortement dans la Bible

La Bible ne mentionne pas directement l’avortement, mais elle interdit le meurtre, en particulier dans les dix commandements : « Tu ne tueras pas » (Deutéronome 5, 17 et Exode 20, 13).

Peinture de Moïse montrant les dix commandements
Moïse montrant les dix commandements

Certains textes montrent que Dieu regarde l’embryon dans le ventre de sa mère comme un être humain :

– « Avant d’être façonné dans le ventre maternel, je te connaissais. Avant ta sortie du sein, je t’ai consacré. » (Jérémie, 1, 5)

– « Mes os n’étaient point cachés devant toi quand je fus fait dans le secret, brodé dans les profondeurs de la terre. » (Psaume 139, 15)

– « Dès le ventre de ma mère, mon Dieu c’est toi. » (Psaume 22, 11)

– « Et il advint, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, que l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint. Alors elle poussa un grand cri et dit : ‘‘Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton sein ! Et comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein’’. » (Saint Luc, 1, 41-44)

Dans ce récit de la Visitation de saint Luc, nous voyons donc le fœtus Jean-Baptiste tressaillir d’allégresse à l’approche de l’embryon Jésus.

Tableau de la Visitation, où l'on voit l'embryon de Jésus et le fœtus de saint Jean le Baptiste.
La visite de Marie, enceinte de Jésus, à sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean le Baptiste

Rien dans la Bible ne laisse entendre que l’être humain deviendrait une personne dont la vie mérite d’être protégée seulement après un certain temps de gestation ou après la naissance.

L’avortement selon les différentes confessions chrétiennes

Église orthodoxe et avortement

Les orthodoxes condamnent l’avortement qu’ils considèrent comme un meurtre d’une même gravité que celui d’une personne déjà née. L’âme humaine habite l’embryon dès la conception.

Églises protestantes et avortement

Le point de vue de l’Église évangélique

Les évangéliques représentent environ 54 % des protestants pratiquants en France, et la tendance est à l’augmentation.

Les églises évangéliques sont opposées à l’avortement qu’elles considèrent comme une atteinte au droit à la vie. Lors de la constitutionnalisation du droit à l’avortement en France, le 8 mars 2024, le CNEF (Conseil National des Évangéliques de France) a exprimé son inquiétude, et son regret que l’État français ne cherche pas plutôt à « offrir aux femmes qui le souhaiteraient la liberté et les moyens de garder ou de confier leur enfant. » Le CNEF précise aussi que « Pour celles-ci et pour celles qui feraient un autre choix [celui d’avorter], nos communautés veulent rester des lieux d’accueil qui manifestent l’amour, la grâce et la vie que porte l’Évangile de Jésus-Christ. » Voir le communiqué du CNEF sur la constitutionnalisation de l’IVG (https://www.lecnef.org/articles/143042-constitutionnalisation-de-l-ivg).

Le point de vue des Églises luthérienne et réformée

À l’heure actuelle, les Églises luthérienne et réformée ont un point de vue beaucoup plus favorable à l’avortement que les autres confessions chrétiennes. Certains membres de ces Églises ont même été très actifs pour obtenir la légalisation de l’IVG en France. La Communion Protestante Luthéro-Réformée, qui réunit les quatre Églises luthériennes et réformées de France, s’est exprimée en faveur de la constitutionnalisation de l’avortement en France, se plaignant que « les religions [aient] été présentées comme un bloc ‘‘contre’’ cette démarche ». Voir le communiqué de la CPLR sur la constitutionnalisation de l’IVG (https://www.uepal.fr/les-protestants-ne-sont-pas-contre-avortement/).

Église catholique et avortement

Le point de vue officiel de l’Église catholique sur l’avortement est très clair : l’IVG est une violation de l’interdit de tuer un être humain. Plusieurs papes ont insisté sur le sujet. Voir les derniers textes officiels de l’Église sur la défense de la vie.

La gravité de l’avortement dans le christianisme

Femme enceinte se tient le vendre

L’avortement est un péché d’une particulière gravité, car il s’agit du meurtre d’un être humain, et d’un être humain absolument sans défense. De plus, il s’agit du meurtre d’un enfant par la volonté d’au moins un de ses propres parents – bien que parfois la mère ou les deux parents cèdent à la pression de personnes de leur entourage.

L’Église catholique considère que l’avortement est un infanticide, et les personnes impliquées dans un avortement font l’objet d’une excommunication. L’excommunication prive de la possibilité de recevoir les sacrements. Le but de cette « peine médicinale » (c’est le terme officiel) n’est pas de punir la personne qui a péché, mais de lui faire prendre conscience de la gravité de son acte et de l’aider à se convertir.

L’Église est bien consciente que les femmes qui ont recours à l’avortement sont parfois dans une grande détresse, qu’elles agissent parfois sous la pression d’autrui, qu’elles n’ont souvent pas conscience de tuer un être humain, et que les médecins et sage-femmes qui pratiquent cet acte croient souvent agir pour le bien.

Les personnes qui participent à un avortement et les parents qui le font volontairement sont excommuniés seulement s’ils sont catholiques, s’ils sont conscients du degré de gravité de cet acte, et s’ils agissent librement. Si la personne excommuniée pour avortement se repent de son péché, n’importe quel prêtre peut lever l’excommunication au cours d’une confession.

L’Église n’exclut personne et souhaite que les femmes qui ont avorté, même quand elles étaient conscientes de la gravité de cet acte, puissent se sentir accueillies et aimées. L’Église a pour mission de témoigner de l’amour de Jésus, qui ne méprise aucun être humain, mais les aime d’un amour infini.

Christianisme et miséricorde

La miséricorde constitue le cœur de la foi chrétienne : le Christ Jésus, qui est Dieu, est devenu un homme dans le but de nous délivrer du mal et de nous aider à accueillir le pardon de nos péchés, pour nous conduire au bonheur, qui est dans la communion des êtres humains entre eux et avec Dieu.

Les chrétiens ne condamnent pas les femmes qui ont avorté ou les personnes qui ont réalisé ces avortements. Ils veulent que ces personnes puissent s’ouvrir à la vie et accueillir le pardon de Dieu. Mais pour cela il faut aussi prendre conscience du mal, du fait que l’avortement est le meurtre d’un être humain. Dieu pardonne toujours, mais pour accueillir son pardon il faut être conscient que l’on a besoin d’être pardonné. Le sacrement de réconciliation (confession) est le lieu par excellence pour exprimer son regret d’un avortement, et recevoir ce pardon.

Un homme se confesse à un prêtre d'avoir fait avorter son enfant

Les chrétiens sont appelés à faire découvrir à tout être humain qu’il est aimé. Si une femme ayant avorté se sent rejetée par des chrétiens, c’est que ceux-ci n’ont pas été fidèles à leur vocation. Les chrétiens ont pour mission de faire découvrir à toute personne le regard bienveillant de Dieu sur elle.

La miséricorde est l’amour que Dieu porte à ceux qui sont faibles et pécheurs. Elle ne consiste pas seulement dans le pardon des péchés. Si Dieu me pardonne et que cela ne change rien à ma vie, je ne suis pas plus avancé… La miséricorde propose aussi une espérance, un chemin de vie. La personne qui a avorté peut se relever et vivre, être source de vie pour ceux qui l’entourent, même si elle a un jour choisi la mort. Le bonheur est possible pour tous, personne n’est exclu, même si Dieu ne nous promet pas que la vie sera facile sur cette terre. Voir les propositions qui existent pour aider les femmes qui regrettent leur avortement.

Conclusion

Le christianisme n’est pas tout à fait unanime sur la question de la moralité de l’avortement, mais la majorité des Églises chrétiennes assimilent cet acte au meurtre d’un être humain. En particulier, la doctrine catholique est très claire sur cette question.

Devant le drame de l’avortement, les chrétiens ont compassion des enfants à qui l’on ne permet pas de naître, mais aussi des femmes qui ont avorté, et des personnes qui ont commis des avortements. Si les chrétiens dénoncent l’avortement, c’est dans le but de protéger les bébés mais aussi de proposer un autre chemin, un chemin de pardon et de bonheur, à ceux qui ont un jour choisi la mort.

Un couple souriant a retrouvé goût à la vie après un avortement

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