Choisir la vie envers et contre tous

L’avortement, un droit ou un devoir pour les femmes ?
En France, la loi Veil sur le « droit à l’avortement » a aussi, pour beaucoup de femmes, abouti à la perte du droit à garder l’enfant qu’elles portaient. On ne compte pas les témoignages de femmes qui ont été victimes de pressions, de leur conjoint, de leurs parents, de leurs beaux-parents, de travailleurs sociaux, de professionnels de santé ou d’employées du planning familial, jugeant qu’il n’était pas approprié que ces femmes gardent ces enfants. Ces femmes n’étaient souvent pas dans des situations où il était facile d’affirmer leur volonté.
Aujourd’hui nous allons parler de deux femmes qui ont affronté de telles pressions, mais qui ont trouvé la force de choisir la vie. Leur exemple nous donne une occasion de nous réjouir, mais aussi de comprendre combien il est parfois difficile pour une femme, même décidée, de choisir la vie.
Marie-Anne : choisir la vie malgré la fatigue
Marie-Anne était épuisée, elle avait tous les symptômes de la dépression. « J’étais fatiguée, tellement fatiguée, mais je ne savais pas pourquoi… » Un médecin a commencé à lui donner des antidépresseurs. Elle avait eu trois enfants et une fausse couche, trois césariennes en quatre ans. Et la voilà enceinte d’un quatrième enfant, quatre enfants en cinq ans… Dans ces circonstances et devant l’état de fatigue extrême de Marie-Anne, il semblait évident à tout le monde que l’avortement était la solution qui s’imposait.
« J’ai reçu une éducation très catho, et donc l’avortement c’était pas du tout dans mes options. Mais j’ai pu expérimenter à quel point, quand on est fatiguée, qu’il y a des gens qui vous pressent… À quel point on peut être tentée de céder… Même avec tout ce que j’ai reçu, j’ai été fragilisée, vous voyez ce que je veux dire ? À quel point, quand on n’a pas reçu sur le plan de la foi, effectivement, on est vite embarquée là-dedans !
Et moi il a fallu que je fasse appel au tréfonds de moi-même, aux convictions qu’on m’avait transmises. Parce que sinon j’aurais cédé… Un médecin vous dit que vous êtes folle, dans l’état où vous êtes, de vouloir prolonger cette grossesse… »
« Donc, si vous voulez, j’ai expérimenté la fatigue. La fatigue qui peut faire dire ‘‘oui’’ à une telle proposition, parce qu’on ne vous propose que ça. »
« Et moi ce bébé, il m’a sauvé la vie quelque part. »
Pourquoi ce bébé a-t-il sauvé la vie de Marie-Anne ? Parce qu’une fois qu’elle a imposé sa volonté de garder son bébé, elle a dû avoir une prise de sang pour la grossesse, et c’est ainsi que l’on a découvert que sa fatigue venait d’une très forte carence en fer. Marie-Anne n’aimait pas aller chez le médecin, et celui qui lui avait prescrit les anti-dépresseurs n’avait pas pensé à lui faire faire une prise de sang pour expliquer sa fatigue. « Et en fin de grossesse je pétais la forme, même si mon fer n’avait pas encore augmenté suffisamment ! »
« Bon, c’était il y a 25 ans. Mon dernier a 25 ans ! Mais, ç’aurait été tellement simple… À l’époque. De dire ‘‘oui’’ à l’avortement. ‘‘Mais vous êtes folle de vouloir mener cette grossesse !’’ »

Une étudiante a-t-elle le droit de choisir la vie ?
Voici ensuite le récit d’une rencontre faite par Catherine, qui se promenait dans un parc avec sa fille d’un an et demi, quand celle-ci s’est mise à jouer avec un petit garçon du même âge, un très beau métis plein de vie. Ce petit garçon se promenait au parc avec son arrière-grand-mère, qui a raconté à Catherine la façon dont celui-ci était venu au monde.
Sa petite-fille était une étudiante de 19 ans lorsqu’elle est tombée enceinte d’une relation sans lendemain. Elle ne s’est rendu compte qu’elle était enceinte qu’à trois mois et demi de grossesse. Il lui a paru évident qu’il fallait faire une IVG. Elle a fait une échographie, et elle a vu l’image de son bébé. À partir de cet instant, il n’a plus été envisageable pour elle de faire un avortement. Elle avait pris conscience qu’elle portait un être humain, et que le supprimer serait un meurtre.
La famille de cette jeune femme ne l’a pas du tout soutenue dans cette décision. Au contraire, elle a subi de fortes pressions pour avorter, et devant son refus, ses parents l’ont mise à la porte. Ils ont beaucoup reproché à la grand-mère de l’accueillir chez elle. Les parents de la jeune femme étaient furieux qu’elle lui permette ainsi de persévérer dans sa décision de garder l’enfant. Tous voulaient qu’elle aille aux Pays-Bas pour faire un avortement tardif.
La grand-mère n’a pas voulu abandonner sa petite-fille ni la forcer à agir contre sa volonté, mais elle a quand même essayé de la convaincre de changer d’avis, en vain. Même en voyant son arrière-petit-fils jouer sous ses yeux, la grand-mère considérait que le choix de sa petite-fille était assez immature : elle avait gardé un enfant dans des conditions où elle n’était pas capable de l’assumer, puisque l’arrière-grand-mère avait été obligée de le garder pendant que sa petite-fille faisait ses études. La grand-mère reconnaissait cependant que sa petite fille était heureuse. Très attachée à son fils, elle était même rayonnante depuis qu’elle avait trouvé la voie professionnelle qui lui convenait vraiment.

Comment aider les femmes à garder leur bébé ?
Bien des femmes ont subi des pressions similaires à celles de ces deux exemples, et beaucoup avortent chaque année contre leur propre souhait. Le droit à l’avortement n’a pas libéré la femme, pour beaucoup d’entre elles il leur a fait perdre le droit à protéger leur enfant.
Les avortements ne se produisent pas toujours contre la volonté des femmes, loin de là. Dans certains cas, même, la mère du bébé souhaite avorter et le fait contre la volonté du père. La loi donne tout pouvoir à la mère sur la décision d’avortement, ce qui fait que le père qui souhaite élever son enfant ne peut rien faire pour empêcher une IVG décidée par la mère. Mais cette loi qui donne tout pouvoir au « oui » ou au « non » de la mère n’a rien prévu pour empêcher que le « oui » ne soit prononcé sous la contrainte de l’entourage.
Le bébé est un être humain qui a droit à la vie même quand sa mère a pris librement la décision d’avorter, et même quand les deux parents sont d’accord pour cela. Cependant, il est urgent d’aider les mères qui voudraient garder leur enfant.
Il existe de nombreuses aides pour les femmes enceintes, des lignes d’écoute pour apporter un soutien moral et des conseils, des aides financières et matérielles données par l’État ou par des associations, des solutions d’hébergement.
Les femmes ayant avorté et regrettant leur IVG ont aussi besoin d’aide et de soutien.
Si vous vous sentez appelé à aider ces femmes, à créer un lieu d’accueil pour femmes enceintes, un groupe de parole pour femmes ayant avorté ou toute forme d’aide pour les femmes enceintes en difficulté ou pour les femmes souffrant d’avoir avorté, le Réseau Vie peut peut-être vous aider. Vous aider à réfléchir à votre projet, à collecter des fonds et vous mettre en lien avec des personnes de son réseau qui pourraient vous soutenir. N’hésitez pas à nous contacter pour en parler.
