Regret de l’avortement : des propositions spirituelles

Regret d'une IVG : des démarche spirituelles peuvent aider.

L’IVG a de nombreuses conséquences : psychiques, physiques, familiales… Mais elle a aussi des conséquences spirituelles. Prendre conscience de ces conséquences spirituelles et y répondre peut aider aussi à guérir les autres répercussions de l’avortement.

Les conséquences spirituelles de l’avortement

L’avortement est très grave sur le plan spirituel, car il s’agit objectivement d’un infanticide. C’est un être totalement sans défense qui est tué. Même si l’Église espère que les bébés morts sans baptême aillent au Paradis1, cette personne humaine est privée de toute la vie terrestre qu’elle aurait pu avoir, des relations d’amour qu’elle aurait pu nouer, de la croissance spirituelle qu’elle aurait pu vivre.

Si une personne a conscience de la gravité de ce qu’elle fait en avortant, en demandant à la mère de son enfant d’avorter ou en pratiquant l’avortement, et qu’elle le fait librement, alors la relation entre cette personne et Dieu est détruite. Ce n’est pas Dieu qui n’aime plus cette personne, c’est cette personne qui, par son acte, refuse Dieu d’une manière fondamentale.

Si une personne avorte, pousse à avorter ou pratique un avortement, sans avoir vraiment conscience de la gravité de cet acte, ou si elle subit des pressions qui font qu’elle n’avorte pas vraiment librement, alors la relation avec Dieu n’est pas brisée. Elle est altérée dans la mesure où il y avait sans doute une certaine conscience et/ou une certaine part de liberté.

Accueillir le pardon de Dieu

La première démarche à faire pour une femme baptisée qui regrette son IVG, ou pour un homme baptisé qui se repent d’avoir demandé à sa conjointe d’avorter, est la confession, le sacrement de réconciliation. Il s’agit donc de reconnaître ses péchés devant Dieu.. Si la personne qui se confesse est sincère dans son regret d’avoir mal agi et si elle a l’intention de tout faire pour éviter que cela se reproduise, le prêtre peut lui donner le pardon de Dieu. Si la relation avec Dieu avait été détruite, elle est alors renouvelée.

Dieu n’a pas besoin de la confession pour nous aimer et nous pardonner, mais c’est nous qui en avons besoin pour nous ouvrir à lui. C’est de notre côté que la relation était brisée ou abîmée.

Les prêtres qui donnent le sacrement de la confession sont parfois maladroits, mais ils ne jugent pas les personnes qui se confessent. Il ne faut donc pas avoir peur d’aller demander le pardon de Dieu.

Réparer les conséquences de l’IVG

La réparation n’est pas une punition, c’est une démarche spirituelle qui aide aussi à faire le deuil de l’enfant décédé, et à avancer.

La confession nous réconcilie avec Dieu, elle nous obtient le pardon de nos péchés. Mais elle n’efface pas toutes les conséquences de l’avortement. L’enfant est mort alors qu’il avait droit à la vie comme don de Dieu. Le mal est fait, quand bien même les parents n’auraient pas eu conscience ou totalement conscience de tuer un être humain : leur enfant.

Comment peut-on parler de réparer les conséquences de l’avortement ? On ne peut pas redonner vie à un embryon éliminé.

Pourtant, Dieu nous invite à faire des actes de réparation. Les actes de réparation s’adressent à Dieu, car il a été offensé et blessé, mais les bénéfices rejaillissent sur tous.

Les premiers bénéficiaires doivent en être les enfants décédés. L’Église pense qu’il y a de « solides fondements à l’espérance que Dieu sauvera ces enfants2 » morts sans baptême. Les parents peuvent aussi demander à leur(s) enfant(s) d’intercéder pour eux.

La réparation peut faire du bien à toutes les personnes qui ont été atteintes par cette IVG, même sans être au courant : le conjoint, même s’il était d’accord, les autres enfants, les grand-parents, etc.

La réparation peut cicatriser la blessure intérieure de la personne qui a décidé d’avorter.

La réparation peut aider le monde. Le monde a perdu une personne qui l’aurait rendu plus beau, qui aurait eu une personnalité unique, un don unique. Et cette personne aurait peut-être eu des enfants et des descendants qui auraient eux aussi eu quelque chose d’unique à apporter. La réparation concerne donc aussi l’humanité qui a été blessée et amputée d’un de ses membres. Par la grâce de Dieu, la personne qui fait une démarche de réparation peut contribuer à rendre le monde plus beau, à faire même encore plus de bien que le mal qui a été fait.

Tout acte bon, toute prière, tout acte de confiance envers Dieu, tout acte d’amour, toute bonne action envers ceux qui en ont besoin, toute offrande de souffrance à Dieu, contribue à réparer le mal.

Mais il est bon pour les personnes qui regrettent un ou plusieurs avortements de vivre une démarche spirituelle directement en lien avec leur IVG. Ce n’est pas obligatoire, mais pour ceux qui choisissent ce genre de démarche, cela peut avoir une grande fécondité, et cela peut apporter un profond apaisement.

Une démarche spirituelle pour les personnes ayant avorté

Mgr de Kérimel, qui a approfondi la question de l'avortement pour l'Église de France.
Mgr de Kérimel

En France, de même que dans d’autres pays du monde3, il existe plusieurs sanctuaires qui proposent une démarche spirituelle spécifique pour les hommes et les femmes qui regrettent l’avortement et qui veulent se tourner vers Dieu dans cette épreuve. Il s’agit à la fois d’une démarche de réparation spirituelle et d’un chemin pour vivre le deuil. Le deuil suite à un avortement est trop souvent ignoré ou nié. Mgr de Kerimel, évêque de Toulouse, qui a été responsable du groupe de travail sur le phénomène social de l’avortement pour la Conférence des évêques de France, se réjouit du développement de ces lieux « qui offrent la possibilité d’une triple réconciliation : avec Dieu, avec soi-même et avec l’enfant ».

Les chemins de consolation

Il s’agit d’une initiative de l’association Mère de Miséricorde, dans plusieurs sanctuaires et paroisses de France. C’est un pèlerinage à pied, avec des méditations consolantes proposées, et avec la possibilité de faire poser une plaque portant le prénom de l’enfant décédé ou de l’inscrire dans un registre, selon le lieu. Si les parents n’avaient pas encore donné de prénom à leur enfant, cela peut être l’occasion de le faire. Plus de 1000 plaques avec des prénoms d’enfants ont déjà été posées au sanctuaire de la Sainte Baume (83). Il est souvent possible aussi de rencontrer un prêtre, un religieux ou une religieuse. Ces pèlerinages s’adressent à toute personne vivant un deuil périnatal : IVG, IMG, fausse-couche… Des non-croyants viennent aussi pour pouvoir être écoutés sans jugement dans leur souffrance et leur culpabilité.

Les sanctuaires et paroisses proposant des chemins de consolation sont :

– Sanctuaire de la Sainte-Baume

En Provence dans le Var :

2200, CD 80 Route de Nans,
83640 Plan-d’Aups

Contacter Solenn : 06 18 08 40 19.

– Sanctuaire de Montligeon

En Normandie dans l’Orne :

26 rue Principale,
61400 La Chapelle Montligeon

Informations pratiques ici.

– Sanctuaire de la Peinière

En Bretagne dans l’Ille et Vilaine :

35220 Saint-Didier
Contacter Michel : 07 82 80 96 84
ou Christine : 06 07 50 96 65.

– Paroisse Saint-Urbain

En Île de France dans les Hauts de Seine :

Place de la Liberté
92250 La Garenne Colombes

Informations pratiques ici.

– Calvaire de Pontchâteau

Le calvaire de Pontchâteau, sanctuaire accueillant les personnes qui regrettent leur IVG
Le calvaire de Pontchâteau

Dans les Pays de la Loire en Loire Atlantique :

1 rue de l’abbé Gournay,
44160 Pontchâteau

contacter Marie-France : 06 10 59 16 06

Pour aller plus loin : les sessions Stabat

Mère de Miséricorde propose aussi des sessions en silence de 5 jours, où un accompagnement personnel est proposé aux participants. Il est proposé de faire le point sur son histoire, sur ses blessures, de comprendre ce qui s’est passé et pourquoi on en est venu à l’avortement. Il est proposé aussi de se confesser, et de faire la démarche de se pardonner à soi-même, après avoir reçu le pardon de Dieu.. Un chemin de consolations peut être intégré à la session. Ces sessions Stabat ont lieu à la Sainte-Baume, et dans différents sanctuaires de France. Plus de renseignements sur le site de Mère de Miséricorde.

Témoignage d’une maman : « Je tenais à vous remercier pour votre accompagnement et soutien. La plaque a été posée et grâce à cela et à vos mots j’ai pu commencer à m’apaiser. Grâce à vous et à l’Église, mon cœur est rassuré d’avoir pu confier Leï auprès de Dieu. Cela me réconforte et je garderai en mémoire votre non-jugement et votre présence chaleureuse. »

Découvrez le témoignage de Martine, qui était maltraitée par sa mère, et se sentait incapable d’aimer les enfants qu’elle portait. Ainsi elle a vécu deux avortements puis deux fausses-couches. Malgré sa psychothérapie, ce qu’elle porte détruit son mariage. « Un prêtre lui conseille alors de faire exister [ses enfants], de leur donner un prénom et de faire célébrer une messe pour eux. C’est le début d’un chemin de libération parcouru à petits pas. » Elle fait plus tard une session Stabat :

Cotignac (Provence, Var) : le Belvédère pour la vie

Ce lieu marial, sous la protection de Notre-Dame de Grâces et de Notre-Dame de l’enfant à naître, accueille les personnes traversant l’épreuve de l’infertilité et du deuil périnatal, que ce soit par un avortement, une fausse-couche, etc. Le but est de permettre à ces personnes de vivre ce deuil qui est très peu reconnu par la société, et d’accueillir la miséricorde de Dieu.

Il est possible de parler à un prêtre ou à un bénévole formé à l’écoute, et de déposer une plaque avec le prénom de l’enfant décédé.

Le frère Louis-François explique : « Pour les pères et les mères qui font la démarche de déposer une plaque, c’est un grand moment de grâce. C’est comme une immense bouffée d’air, alors que l’on est asphyxié. Car ici, les larmes coulent et sont accueillies : c’est à partir de là que le travail du deuil peut se faire, jusqu’à la paix du cœur, la joie de savoir qu’au Ciel, ces enfants veillent sur leur famille. »

Chaque année, deux pèlerinages pour la vie, le 29 septembre et le 28 décembre (fête des Saints Innocents), sont proposés, dans une démarche de prière pour les enfants avortés, de réconciliation et de réparation.

Organisez votre séjour à Cotignac.

Lourdes : le chemin de compassion

Le sanctuaire de Lourdes propose cette démarche aux personnes confrontées à la perte d’un enfant, né ou non. C’est un chemin à travers le sanctuaire, qui propose de l’aide à travers l’écoute et la prière. Au terme de ce parcours, les parents sont invités à inscrire le prénom de leur enfant sur un « Livre de Vie ». L’enfant sera ensuite porté dans la prière par les moniales des alentours et par les pèlerins.

En savoir plus sur le site du sanctuaire de Lourdes.

Chapelle pour les enfants non nés à l’église Saint Jean-Baptiste d’Arras

C’est une chapelle où se trouve un autel dédié à Marie, surmonté d’une image de Notre Dame de Guadalupe. Il est possible d’y écrire les prénoms des enfants non nés, qui seront portés avec leurs parents dans la prière de la communauté paroissiale.

Adresse : Église Saint Jean-Baptiste, 1 bis rue Wacquez Glasson, 62000 Arras.

Si vous connaissez d’autre lieux proposant des démarches aux parents d’enfants non nés, merci de nous en informer en commentaire, afin que nous puissions les ajouter à cet article.

Conclusion

Réparation et consolation vont donc souvent de pair. En se tournant vers Dieu, les fruits sont multiples, pour soi-même, pour être consolé(e), pour devenir capable d’avancer et d’aimer, pour l’entourage, pour le monde… Une démarche concrète comme un pèlerinage n’est pas obligatoire, mais cela peut vraiment aider à se tourner davantage vers Dieu et à prendre conscience de sa miséricorde. Il s’agit avant tout de prendre conscience de l’amour infini de Dieu pour nous, quoi que l’on ait fait, et d’ouvrir notre cœur à cet amour. Ce chemin a aussi pour conséquence un amour plus grand partagé avec nos proches, y compris nos enfants décédés.

Notes

1 L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême (2007).

2 L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême (2007).

3 Par exemple, aux États-Unis : Le sanctuaire de Notre-Dame-de-Guadalupe.

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