Le plan de Giorgia Meloni pour réduire les avortements en Italie

Giorgia Meloni premier ministre d'Italie

Une loi présentée au Sénat italien propose d’aider financièrement les mères pour empêcher les avortements motivés par des difficultés économiques. L’Italie fait face à une baisse de sa population depuis plusieurs années et cherche à relancer sa démographie.

63 653. C’est le nombre d’avortements qui ont eu lieu en Italie en 2021 (derniers chiffres communiqués par le ministère de la Santé). Un chiffre que Giorgia Meloni, arrivée au pouvoir en 2022, s’est promis de faire baisser. Pour cela, une proposition de loi émanant d’un de ses alliés politiques, a été présenté au Sénat récemment. Cette loi propose de créer un « revenu de maternité » pour les femmes choisissant de ne pas avorter, qui serait plafonné à 1000 euros par mois jusqu’à l’âge de cinq ans de l’enfant, en fonction des revenus du foyer.

Réduire l’avortement pour motif économique

L’objectif déclaré de Maurizio Gasparri, sénateur à l’origine de cette proposition de loi, est de soutenir les femmes qui recourent à l’avortement pour des raisons économiques. « Afin de réduire les demandes d’interruption de grossesse motivées par l’impact des conditions économiques », lit-on dans ce projet de loi, devrait être établi un « revenu de maternité », c’est-à-dire une « prestation économique, sur une base mensuelle ». Cette aide pourra être accordée aux citoyennes italiennes en fonction de leurs revenus et de leur capital. Des majorations seront possibles en fonction de la situation familiale des femmes. Ainsi, « pour chaque enfant, après le deuxième, une majoration de 50 euros sera appliquée » et chaque enfant handicapé fera également bénéficier la mère d’une majoration de 100 euros.

Pour financer cette mesure, 600 millions d’euros par an seront alloués à partir de 2024. Giorgia Meloni a toujours ouvertement considéré que le choix de l’avortement était une « défaite ». D’un autre côté, la présidente du Conseil italien a toujours affirmé qu’elle ne remettrait jamais en question la possibilité pour les femmes d’interrompre leur grossesse. Il y a quelques semaines, elle  avait cependant fait adopter un amendement qui permettait aux groupes pro-vie de se rendre dans les cliniques pratiquant des avortements afin qu’ils « informent pleinement sur l’IVG », selon ses mots.

Chute du nombre d’avortements

Le nombre d’avortements en Italie est plus de trois fois moins important qu’en France, où 223 282 avortements avaient eu lieu en 2021. L’Italie a légalisé la pratique de l’avortement en 1978 et a très vite connu une augmentation incontrôlée du nombre d’IVG chaque année. En 1982, 234 801 avortements ont eu lieu dans le pays. 

Un chiffre qui a été divisé par plus de trois en quarante ans. La démographie italienne est pourtant dans un état problématique puisque les femmes ont en moyenne 1,24 enfants. Situation qui provoque une chute continue de la population depuis 2015 et explique, entre autres, les mesures d’encouragement de la natalité du gouvernement de Giorgia Meloni. Récemment, elle avait rendu la crèche gratuite à partir du deuxième enfant et exonéré les mères d’au moins deux enfants de cotisations sociales.

Réactions politiques

Cette nouvelle proposition de loi a néanmoins suscité d’importantes réactions de l’autre côté des Alpes. « Penser qu’un peu d’argent donné aux femmes pauvres qui choisissent d’avorter pour soutenir la maternité est suffisant est une offense à l’intelligence des femmes et une expression supplémentaire de la misogynie d’une certaine classe politique », s’est notamment insurgée Luana Zanella, femme politique marquée à gauche. D’autres ont dénoncé une mesure « misogyne et propagandiste » qui mettrait en danger le « droit à l’avortement ». L’examen de cette loi devrait être débuté durant l’été. Elle pourrait être mise en place dès cette année.