Avortement, mortalité infantile et espérance de vie
Table des matières
I. Quelques données initiales
II. Espérance de vie
a. Définition
b. Historique récent
III. Mortalité infantile
a. Définition
b. Historique en France
IV. Actualisation des données
a. Chiffres de l’avortement en France
b. Actualisation de la mortalité infantile et l’espérance de vie
Quelques données initiales1
Espérance de vie et mortalité infantile sont fortement influencées par les définitions qu’on leur donne. Lorsqu’on adopte la définition de la personne établie par l’Église catholique, les pays industrialisés n’ont plus vraiment de raison de pavoiser.
Espérance de vie
Définition
Selon l’INSEE, « L’espérance de vie à la naissance représente la durée de vie moyenne d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité par âge de l’année considérée.
C’est un cas particulier de l’espérance de vie à l’âge x, c’est-à-dire le nombre moyen d’années restant à vivre au-delà de cet âge x dans les conditions de mortalité par âge de l’année. »
Pour une année donnée A, l’espérance de vie E est une donnée théorique obtenue par la formule :
où pi est la proportion de survie à l’âge i, calculée selon la table des mortalités de l’année A2.
Historique récent
Si l’on regarde la première colonne dans le tableau ci-dessous, on voit qu’au cours des années 1950-1959, l’espérance de vie à la naissance en France était de 68,2 années. Dans la première moitié des années 2010 (10-15), elle est de 81,7 années.
Plus loin dans le temps, la mortalité brute – approchée – diminue à peu près régulièrement depuis le milieu du XVIIIe (autour de 4%). Elle est cependant fortement influencée par la mortalité infantile (conditions sanitaires ou autres) et la mortalité dans les divers conflits (la Terreur de 1793-1795 qui affecte toutes les couches de la population ; les conflits de 1870, 1914-18 et 1939-45, qui affectent davantage les hommes jeunes, avec des conséquences sociologiques esquissées par exemple par Colette, « Le blé en herbe »). À titre indicatif, la mortalité brute se situe autour de 2 % au début du XXe et 1,2 % au milieu de ce même siècle ; elle tourne aujourd’hui autour de 1 %.
Deux points apparaissent significatifs : d’une part la mortalité après 40 ans a beaucoup moins diminué au cours du temps ; elle est même pratiquement stable tout au long du XIXe et début XXe ; une amélioration intervient à partir du milieu XXe, relativement faible cependant par rapport aux gains observés dans les tranches d’âge précédentes.
D’autre part, le vieillissement de la population consécutif à la diminution de la mortalité dans les tranches d’âge élevées, conjuguée à la diminution de la natalité, introduit un biais dans le calcul de la mortalité annuelle brute ; la raison est naturelle : on meurt beaucoup plus en vieillissant. Les instituts de statistique connaissent ce biais et savent le corriger en pondérant de façon simple la mortalité selon les classes d’âge.
Mortalité infantile
Définition
C’est le taux de décès durant la première année, après la naissance et avant le 1er anniversaire. Les données historiques commencent à apparaître de façon systématique au XIXe. La période de référence 1853-1854 la situe à 20 %, à peu près stable au cours de ce siècle.
On pourra relever qu’elle était alors liée à la mortalité maternelle (« en couches »), due à l’absence d’hygiène (la fièvre puerpérale qui emportait alors une femme sur dix, voire davantage, pour celles qui accouchaient à l’hôpital). L’Histoire retient la mésaventure de I.P. Semmelweis, médecin hongrois installé à Vienne en 1846 : ses observations l’amènent, longtemps avant Pasteur, à préconiser un lavage soigneux des mains avant tout accouchement. Rejeté par les autorités médicales autrichiennes malgré ses résultats impressionnants, il rentre à Pest ; le gouvernement hongrois impose alors sa pratique dans tout le pays, avec des résultats significatifs. Cela n’empêche pas les autorités médicales de Vienne et d’ailleurs de rejeter sa doctrine, non conforme aux idées de ce temps. Il meurt dans un asile de Vienne, dans des circonstances troubles.
Historique en France3
Moyenne en ‰ :
Actualisation des données
Chiffres de l’avortement en France4
Nombre d’avortements pour 100 naissances5:
Pour ce qui précède la loi Veil (janvier 1975), les promoteurs de cette loi ont depuis avoué avoir considérablement surévalué leur nombre (ordre de grandeur x50 ou 100) pour influencer l’opinion. Le nombre exact est difficile à connaître mais on peut estimer que la difficulté pratique (trouver un praticien pour l’acte) ou son coût (voyage hors frontières) ont pu le limiter fortement, surtout dans une société alors encore largement marquée par les « interdits » fondamentaux. À titre d’estimation, on retiendra le chiffre de 2 % pour la période 70-75, et 1 % pour la période 60-69, sans doute surévalués.
Actualisation de la mortalité infantile et l’espérance de vie
La définition officielle de la mortalité infantile ne rend pas compte d’une donnée pourtant essentielle. Rappelons ce que nous enseignent la Bible et l’Église :
• « l’homme [est la] seule créature sur terre que Dieu a voulu pour elle-même » (Concile Vatican II, Constitution Gaudium et Spes de 1965, n° 24) ;
• « [l’homme] doit respecter et aimer son corps […] créé par Dieu » (Gaudium et Spes, n° 14) ;
• « la vie humaine [commence dès la] conception » (Catéchisme de l’Église Catholique, version de 1990, §2270) ;
• « dès sa conception [la personne humaine] est destinée à la béatitude éternelle » (CEC §1703) ;
• « chaque personne humaine, créée à l’image de Dieu, a le droit naturel d’être reconnue libre et responsable » (CEC §1738) ;
• « l’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » (Gaudium et Spes, n° 51).
Il est difficile de ne pas mentionner les sacrifices d’enfants cités – toujours comme une abomination – dans la bible : le « moloch » dans le livre biblique du Lévitique chapitres 18 et 20 ; les enfants sacrifiés pour la porte et les fondations de Jéricho dans le livre biblique de Josué chapitre 6 et dans le premier livre des Rois chapitre 16, ou sacrifiés par le feu dans le premier livre des Rois chapitres 17 et 21, ou dans le livre de Jérémie chapitre 32.
Indépendamment de ce jugement, pour l’Église catholique la vie commence donc dès la conception ; il convient alors d’inclure la proportion d’avortements dans la mortalité infantile, moyennant une règle de trois : en effet, une proportion de 10 avortements pour 100 naissances, par exemple, représente une mortalité de 10/(100+10), soit environ 9 %, puisque les enfants avortés doivent être inclus dans le nombre total d’enfants conçus. Voici le tableau actualisé, en pour mille – approché à 1 ou 2 % près – de la mortalité infantile selon cette définition :
À titre de comparaison, la Somalie avait en 2016 un taux de mortalité de 132,5 ‰6.
Pour l’espérance de vie, il suffit également d’une règle de trois : chaque terme de la somme contient en facteur le nombre p0 de survie à 1 an, qui vaut 1-m0 où m0 est la mortalité infantile ; en notant q0 la survie actualisée selon les chiffres ci-dessus, l’espérance de vie actualisée est obtenue en multipliant la précédente par q0/p0 :
On peut noter que l’accroissement du nombre d’avortements en 2019 et 2020 a sans doute détérioré ces chiffres. Dans tous les cas de figure, ce qui apparaît clairement est le poids prépondérant de l’avortement dans la démographie.
Notes
1. Sources : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3560308#tableau-Figure1 ;
https://www.insee.fr/fr/statistiques/1906668?sommaire=1906743 ;
https://www.persee.fr/doc/pop_00324663_1989_num_44_6_3528
2. Par exemple p0 est la probabilité (ou proportion de la population) ayant atteint 1 an au cours de l’année A (entre le 1er janvier et le 31 décembre) ; c’est donc (1-m0), où m0 est le taux de mortalité avant l’âge d’un an ; de même p30 vaut (1-m30) où m30 est la proportion des personnes de 30 ans, décédées avant l’âge de 31 ans au cours de l’année A.
3. France métropolitaine jusqu’en 2013, Mayotte inclus à partir de 2014, sans incidence notable
4. https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/avortements-contraception/avortements/
5. Approximation en moyenne selon les données de l’Ined
6. Voir par exemple https://www.indexmundi.com/map/?v=29&l=fr; https://www.humanium.org/fr/mortalite-infantile/